Amos

Il est 9 heures. Amos de Veppi sonne à la porte. Il vend des aspirateurs et la dame qui habite ici a accepté de le recevoir.

La femme vient lui ouvrir.

L’intérieur est propret. Une douce odeur de pêches flotte dans la pièce à vivre. « Pas besoin de mon aspirateur ici » pense Amos. La maîtresse des lieux lui propose de prendre place, puis lui offre un café, ou un thé, comme il lui plaira.

Amos se sent si bien chez elle. Il présente son appareil, elle le coupe sans arrêt, lui parlant de son fils de 8 ans qui joue aux lego… Peut-on récupérer les petites pièces dans le sac à poussière? Patiemment, Amos démonte l’appareil, celui-ci n’a pas de sac, seulement un récipient qu’il faut vider régulièrement. On y retrouve intactes les petites briques. La voilà rassurée. Elle se détend. Elle parle d’elle.
Et ce qu’elle dit, sa vie qu’elle dépeint à grands traits, touche Amos au plus profond de lui. Il aimerait ranger son aspirateur et l’écouter. Il aimerait tout savoir de cette femme, ordinaire, qui le reçoit. Il aimerait savoir qui lui a offert ce bouquet de roses qui trône sur la table. Ami, mari, amant? Ce sont des questions qu’on ne pose pas! Cependant, qui? Qui partage la vie de cette femme? Est-ce le père du petit garçon? Pas une photo au mur ne lui donne d’indication. Rien ne traîne, il ne peut donc chercher d’indices dans cet appartement. Il n’a pas regardé attentivement le nom sur la sonnette…
Elle continue à raconter des anecdotes… « Prenez ces fleurs, par exemple, sur la table! C’est ma mère qui me les a offertes. Je déteste les fleurs coupées, ce ne sont que des cadavres… Est-ce qu’on offrirait un cadavre? Moi, j’aime les plantes en pots, pleines de vie. Mais mon mari, ça le dérange… Il trouve qu’elles perdent leurs feuilles, prennent de la place, et bouchent la lumière. Alors, j’en ai ici et là, mais pas trop. Pas assez à mon goût. C’est pas facile de vivre en couple! » Tiens, dans une seule tirade, elle vient de lui offrir deux réponses à ses questions. En outre, elle lui a dit ses difficultés de couple.

Amos se reprend… « Mais enfin, Amos, où en es-tu? Tu es là pour vendre un aspirateur, pas pour trouver une épouse… Te souviens-tu que tu en as une, déjà, à la maison? » lui souffle sa conscience. « Oui, parlons-en de Véronique, lui répond son cœur… Tout est toujours compliqué avec elle. Elle n’est jamais contente. Elle râle tout le temps, elle ne veut pas d’enfants, alors que moi, j’en rêve. Et puis, dès qu’elle voit une amie enceinte, elle pousse des cris d’envie… à n’y rien comprendre. Avec cette femme, ici, la vie semble si douce, tout semble si facile… il suffit de pouvoir rattraper les lego dans l’aspirateur! »

L’entretien touche à sa fin. Amos n’a pas prononcé la formule magique « unique sur le marché ». Il n’a pas non plus placé l’argument de « l’hygiène parfaite ». Sincèrement, il a été nul. Il lui fait quand même signer le bon de commande, lui rappelant qu’elle a 7 jours pour se rétracter. Et il lui laisse sa carte de visite. Il remercie pour le café et il s’en va.

Une fois au volant de sa voiture, il se rend compte qu’il a laissé son stylo chez cette douce cliente.

Voili, voilà. Jill Bill, tu vois ce qui se passe dans les foyers pendant que tu t’occupes des mômes??

Une réflexion au sujet de « Amos »

  1. Bonjour élève Gwendoline, ah oui je VOIS !!!! Un mari représentant vendeur ne m’aurait pas plu des masses, et si bien bâti en plus, sourire… mais si sa femme ne veut pas d’enfant, ouille, un jour ou l’autre lui en aura grande envie et là…. Allez Amos sois la bienvenu à la cour de récré, on verra pour l’aspirateur, MERCI à toi, bises de m’da

  2. Ping : Linda | Le bourgeon créatif

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