Antoine

 

Ce texte est très personnel et j’ai hésité à le publier… dix jours après l’avoir écrit, je décide de le partager avec vous…

Antoine

Attendre un enfant, un premier enfant, c’est le dépaysement garanti. C’est être ailleurs tout en restant ici.
La découverte de ton existence fut merveilleuse. Cette aventure, celle de la vie, aurait dû se passer dans l’insouciance. Il n’en fut rien.
Quand je pense à toi, je me souviens du soleil. Il faisait grand beau le 17 avril lorsque j’ai appris que tu avais fait ton nid au creux de moi. Ce voyage commençait si bien. Il aurait dû nous mener sur des rivages inconnus mais dont nous devinions les contours : ceux du monde des Parents.
La différence entre cette expédition chimérique et la réalité que nous avons vécue fut frappante… Une mutation génétique, dont j’aurais préféré ne jamais découvrir l’horreur, nous atteignit de plein fouet : trisomie 18, incompatibilité avec la vie. Aujourd’hui encore, malgré la distance, la violence de ce diagnostic me laisse perplexe.
Ce printemps fut magnifique. Malgré des examens poussés qui révélaient toujours quelque chose de pire, nous avions décidé de ne pas abandonner, les soucis paraissaient lointains et l’horizon dégagé. Nous étions jeunes et confiants. Pleins de projets, nous marchions main dans la main sur le chemin d’asphalte qui borde le bleu Léman, parlant de toi, de nous…

Antoine, mon enfant, c’est le 3 juillet, sous un soleil radieux, encore, que ta courte vie s’est terminée. Tu es parti avant d’arriver.
Comment t’oublier ? La nostalgie m’envahit quand je pense à toi, à ce que j’aurais aimé faire et que je n’ai pas fait, à ce que je ferai s’il fallait recommencer…
L’amour ne connaît de séparation ni dans le temps, ni dans l’espace. Chaque jour, je pense à toi, comme je pense à chacune de mes filles… L’amour ne connaît de séparation ni dans le temps, ni dans l’espace. Il est donc toujours le bon moment pour te murmurer, dans le secret de mon cœur, que je t’aime et t’aimerai toujours.

Cette semaine, les mots étaient autour de là-bas. Il s’agissait de : inconnu, nostalgie, rivages, différence, dépaysement, horizon, recommencer, mutation, ailleurs, lointain, voyage, insouciance, oublier, découverte, chimérique, aventure, distance, soleil, ici, asphalte, abandon, améthyste. Asphodèle permettait d' »oublier » un mot, j’ai laissé tomber améthyste qui n’avait rien à faire dans mon histoire. Je ne voulais pas inventer de péricope pour l’insérer dans mon histoire vraie. Il eut été bien plus facile de le faire dans un texte purement fictif comme le dernier.

Voili, voilà…

Une réflexion au sujet de « Antoine »

  1. Suite à ton passage « chez moi », je viens découvrire ton lieu qui après lecture, réveille beaucoup d’émotion (d’ailleurs je ne comprends pas pourquoi le lien ne s’est pas produit avant). Ton texte me donne envie de ne pas faire de bruit, de respecter ton intimité, de lire tes mots en silence…

  2. Tu as une plume tellement belle, tellement tendre, ton texte dégage tant d’amour, je suis touchée par tes mots, tu es sublime ma belle et là je me tais et je te laisse pour ce soir.
    Bisous tendre

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