Baptiste

Tous les matins, Maman quitte la maison à sept heures moins un quart. Elle prend soin de réveiller les trois enfants d’un tendre bisou et elle file…

Thomas, Baptiste et Irène se lèvent, s’habillent, déjeunent, se débarbouillent et se brossent les dents (pas toujours…) puis ceux qui veulent aller à pieds partent.

Papa, lui, se lève à sept heures et demi, s’habille à toute vitesse, descend l’escalier, met son manteau et ses chaussures et amène en voiture les enfants qui sont encore à la maison. Papa, il faut le dire, déteste se lever le matin et il fait tout au dernier moment. Quand les enfants étaient plus petits, Maman le forçait à se lever pour s’occuper d’eux, mais maintenant, ce n’est plus nécessaire…

Donc, ce matin, quand Papa arrive dans l’entrée, il n’y trouve qu’Irène, qui sagement s’est préparée. Il faut dire qu’elle attend toujours Papa, contrairement aux garçons…

Papa prend la main de sa petite dernière, et ensemble, ils se rendent sur le parking, montent en voiture et filent à l’école. C’est pratique que Papa soit instituteur justement dans la même école.

Irène file en maternelle et Papa rentre dans sa classe. Il accueille les élèves et la matinée se passe comme d’habitude.

Et c’est l’heure tant attendue de la récréation. Les enfants adorent ce moment car Jill, la jeune femme qui surveille la cour, a toujours une blague à leur raconter, elle est toujours attentive à leurs petits bobos, toujours prête à écouter leurs petits secrets. Et même, elle joue au loup avec eux!

Papa se rend dans la cuisinette et met en route la machine à café. Mme Louson, la maîtresse de Baptiste, arrive vers lui, énervée.

– Eh bien, chère Collègue, le café était trop chaud, ce matin?
– Laisse donc mon café en dehors de la conversation… Je déteste qu’on ne me prévienne pas quand un enfant est absent. Et que ça vienne de toi, alors que tu es mon collègue et qu’il t’était si facile de venir me prévenir, je trouve cela déplorable.
– Comment ça, que ça vienne de moi?

A l’instant où il prononce cette phrase, Papa se rend compte que Mme Louson est en train de lui dire que Baptiste n’est pas là… Sans attendre la réponse de son acariâtre collègue, Papa se rend dans la cour. Il cherche Baptiste, ne le trouve pas, alors il cherche Thomas, qui joue au foot avec les autres garçons. En général, les enfants et Papa ne se parlent pas pendant l’école, cela évite de susciter des jalousies avec les autres enfants.

– Eh, Thomas, y’a ton père!

Thomas, surpris, se retourne. En effet, Papa lui fait signe. Il voit tout de suite que quelque chose cloche. Papa demande à Thomas s’il a fait route avec Baptiste pour venir à l’école. Mais non, lorsque Thomas est arrivé pour déjeuner, Baptiste était déjà parti.

Papa retourne dans sa classe. Il appelle l’hôpital. Non, aucun piéton n’a été renversé ce matin. Il appelle Maman, qui s’inquiète à son tour. Papa la tiendra au courant dans la matinée. Il retourne à la cuisinette et interpelle 5 collègues. Après la récréation, ses élèves de CE2 seront répartis dans d’autres classes. Papa refait, à pieds, le chemin entre l’école et la maison. Il regarde partout pour voir s’il trouve Baptiste, blessé, malade ou inconscient. Il arrive à la maison. Il n’a trouvé personne. Papa est vraiment très inquiet. Il appelle la police, qui assure qu’elle arrive. Il appelle Maman, qui va rentrer du travail tout de suite.

Dix minutes plus tard, dans le salon se trouvent Maman, Papa et deux policiers. Ils expliquent qu’il ne faut pas perdre de temps. Un accident n’est pas exclu, mais ce peut aussi être un enlèvement. Maman est dans tous ses états, Papa se tait mais il suffit de le connaître pour savoir qu’à l’intérieur de lui, une tornade est en train de tout dévaster. Les policiers appellent du renfort, et demandent à voir des photos de Baptiste, que Maman leur montre sur son téléphone. Comment était-il habillé ce matin? Personne ne sait, personne ne l’a vu… L’un des policiers est en train de téléphoner pour demander du renfort. Le salon est en effervescence comme jamais. On ne rigole pas avec les disparitions d’enfant.

Et voilà que, bâillant, Baptiste arrive, en pyjama. Voyant tout le monde affolé, il s’affole à son tour. Et s’il était arrivé quelque chose à Maman? Mais non, il la voit sur le canapé… A Thomas alors? Ou à l’adorable petite peste d’Irène???

Maman le voit. Elle crie son nom… « Baptiste, tu es là, mon chéri! » Elle se précipite vers lui et le serre dans ses bras. Elle rit et elle pleure en même temps. Papa les rejoint et lui aussi, il serre son fils dans ses bras. Baptiste en est sûr maintenant, il est arrivé quelque chose de très grave. Peut-être à Irène et à Thomas en même temps???? Peut-être que Papa et Maman n’ont plus que lui, ce qui expliquerait pourquoi ils le serrent si fort.

L’un des policiers s’approche… Bon, c’est lui, le petit disparu?? Papa est honteux… mais il doit bien avouer que Baptiste est bien là en chair et en os… et en pyjama… Les policiers sont heureux que l’histoire finissent bien… mais un peu énervés d’avoir été dérangés pour rien. Ils quittent la maison.

Papa, Maman et Baptiste se retrouvent à la cuisine. On rit, on s’embrasse, le soulagement est palpable. Papa et Maman, chacun leur tour, appellent au travail pour rassurer les collègues qui les ont vu partir dans la précipitation.

Autour d’un bon bol de chocolat chaud, avec des biscuits même si ce n’est pas jour de fête, on reconstitue le puzzle de la matinée.

Maman a réveillé Baptiste, qui, contrairement à son habitude, ne s’est pas levé pour partir tout de suite, mais s’est retourné pour fuir la lumière du jour… et s’est rendormi. Thomas s’est levé et quand il est arrivé dans la cuisine, il a cru que son frère était déjà parti et ne s’en est pas soucié. Papa est parti avec Irène sans réaliser que Baptiste n’était pas parti…

… quelle aventure dans la famille ce matin-là!

C’était il y a dix jours maintenant. Depuis, Papa se lève rapidement, parfois même avant le départ de Maman. Il surveille les enfants et s’assurent qu’ils prennent tous le chemin de l’école… Combien de temps va-t-il pouvoir faire cet effort-là??

Voili, voilà, une petite nouvelle pour la cour de récré de Jill Bill.

Une réflexion au sujet de « Baptiste »

  1. Bonjour élève Gwendoline, avoir des enfants c’est une belle aventure mais que de soucis aussi parfois, allez Baptiste sois le bienvenu à la cour de récré, MERCI à toi, bises de m’dame JB et bonne et heureuse année… 😉

  2. Voilà une belle histoire qui se termine bien et avec une fin inattendue. Quel plaisir de te lire !
    J’en profite pour t’adresser mes meilleurs vœux ainsi qu’à toute ta petite troupe pour cette nouvelle année !

  3. c’est réellement la guigne d’avoir ses enfants dans l’école où on travaille (et je suppose, pour des enfants un peu grand, d’avoir son père à la cour de récré,lieu d etous les secrets!)Mais pour cette fois il valait mieux, çà a permis de régler l’affaire plus rapidement

    • Je ne crois pas… Ou, pour mieux dire, cela dépend des familles.
      Mes filles sont toujours contentes de me croiser dans les couloirs, les plus jeunes me font facilement un câlin furtif…
      Et cela doit aussi dépendre de la taille de l’école (chez nous, 950 élèves…)
      Je n’aimerais pas avoir l’une ou l’autre à pleine temps, cependant…

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