Depuis le lycée, Baudoin s’était toujours entendu qualifier de gendre idéal. Beau garçon charmeur mais sage, toujours poli, il séduisait les mères de la paroisse qui cherchaient à marier leurs filles: elles voyaient en lui l’homme qui allait permettre à leur princesse de devenir reine.
Comme beaucoup de garçons de son âge, il avait eu quelques aventures entre 17 et 25 ans. C’étaient toujours les filles qui se lassaient de sa présence. Elles le trouvaient trop prévenant, trop précieux, trop attentionné, trop serviable, trop présent, trop aimable, trop gentil (ne pas rayer, il n’y a pas de mention inutile, il était tout cela à la fois). Et lui, qui avait mis tout son cœur de chevalier à les servir, ne comprenait pas où il s’était trompé.
Il avait résolu qu’il n’était pas fait pour la vie de couple. Il s’engagea dans sa paroisse, où ses qualités de service étaient pleinement appréciées (et exploitées).
Un soir, le pasteur lui téléphona. Il était âgé et ne comprenait pas tout à la jeunesse. Il lui exposa son problème: dans le temple se trouvait une jeune femme. Elle priait. Elle pleurait. Elle invectivait le Seigneur avec un vocabulaire fleuri. Il avait essayé de lui parler, mais elle l’avait traité de vieux schnock et l’avait envoyé se faire f***. Il hésitait à appeler la police puisque la jeune femme troublait l’ordre public. Mais elle priait, aussi, et elle avait besoin de soutien spirituel, il le sentait bien. Est-ce que Baudoin, lui qui était jeune, serait disposé à venir au temple pour voir s’il pouvait discuter avec elle? Le pasteur serait dans son bureau en cas de problème. Et si rien n’y faisait, ils appelleraient la police pour la faire évacuer.
Baudoin renonça à la soirée de tarot qu’il avait prévu de partager avec d’autres internautes. Ce n’était pas grave en soi, mais cela faisait plusieurs jours qu’il se réjouissait.
En quelques minutes, il fut au temple. Il discuta encore quelques minutes avec le pasteur, puis entra. Le futur retraité n’avait pas menti. La prière de la jeune femme était pour le moins surprenante. Elle prenait le Seigneur à parti, lui reprochant ce qu’elle vivait, mais lui demandant aussi de l’aide et de la tendresse.
Tout d’abord, Baudoin s’assit sur une chaise au fond. Il se concentra et il pria, silencieusement pour sa part. Il voulait trouver les mots justes et l’attitude adéquate pour accoster la jeune femme sans la braquer.
Elle sanglotait comme une enfant maintenant. Elle voulait savoir pourquoi elle souffrait autant. Baudoin s’approcha. Il lui tendit un mouchoir en papier. Peut-être qu’elle souffrait d’avoir trop aimé? Oui, exactement, c’était cela. Elle avait trop aimé ce connard qui l’avait laissé tomber pour une vieille! Elle avait trop aimé ce salaud qui ne pensait qu’à la baiser. Elle avait tout donné à ce pervers qui s’était bien foutu d’elle. Baudoin lui fit remarquer qu’un tel vocabulaire n’avait pas sa place dans un temple. Etonnée, la jeune femme lui demanda s’il pensait que Dieu l’en aimerait moins? Pris de cours, Baudoin la laissa continuer. Elle s’appelait Sandy. Et elle était malheureuse, comme il avait pu s’en rendre compte. Gêné d’un tel vocabulaire, il l’invita à venir chez lui, où il pourrait lui offrir un thé. Le pasteur, soulagé, les vit sortir du temple. Il pouvait fermer boutique et aller se coucher.
Les voilà donc bras dessus, bras dessous, elle n’avait rien d’autre que sa tristesse comme bagage. A minuit, il décida qu’elle pourrait bien passer la nuit chez lui. Il déplia pour elle le canapé du salon et lui proposa une brosse à dent. Le lendemain matin, il lui offrit un petit déjeuner reconstituant. Elle décida qu’elle pourrait bien passer la semaine avec lui. Baudoin, naturellement, prodiguait sa gentillesse et sa générosité. Sandy recevait ses attentions comme une pluie rafraîchissante. Sa douceur l’aidait à panser ses blessures. Une fois calmée, elle usait d’un vocabulaire tout à fait classique! Après une semaine, ils décidèrent d’un commun accord de replier le canapé du salon et de faire chambre commune. Leur idylle était parfaite.
La mère de Baudoin arriva un jour à l’improviste. Baudoin travaillait et sa mère avait vu le reflet de la télévision. Elle avait pensé que son fils avait oublié de l’éteindre et était montée pour le faire à sa place. Sandy l’invita à boire un thé et les voici comme deux copines de toujours. Il faut dire que la mère avait depuis longtemps envie que son grand garçon trouve chaussure à son pied. Sandy lui paraissait tout à fait parfaite et la voilà qui invite les tourtereaux à souper. Tout se passa bien, le père fut aussi réjoui que la mère de cette peut-être future bru.
Sandy se jeta alors à l’eau, et proposa à son tour une invitation dans sa famille. Elle appela ses parents pour arranger le rendez-vous.
Et le souper fut une catastrophe. Rien n’alla. Les parents furent réticents dès le départ, puis franchement agressifs. Et ce fut le clou de la soirée lorsque Baudoin répondit qu’il est protestant. Il fut mis dehors par les parents de Sandy, son père lui donna un coup de pied et la mère claqua la porte. Hébété, Baudoin se retrouva sur le trottoir. Il entendit des cris dans la maison de sa dulcinée. Puis la porte claqua une nouvelle fois et Sandy apparut sur le trottoir à ses côtés. Ils rentrèrent. Pour une fois qu’il s’entendait avec la fille, c’est avec les parents que ça ne collait pas… Vous avez dit gendre idéal?
Voili, voilà, Jill Bill, une place dans ta cour de récré pour le gendre idéal?
Oulalalala! Il est long, ce texte, de nouveau!
Bonjour Gwendoline… dans la vie il y a tjs quelque chose qui cloche, rien n’est parfait pour les uns ou les autres, ah la la… si Sandy aime Baudouin, ce que je vois, à force de leur montrer que la religion n’est pas un obstacle à leur amour, catholique et protestant, les parents finiront bien par leur rouvrir porte et coeur, on l’espère ! Sois le bienvenu à la cour de récré, MERCI à toi, bises de m’dame JB 😉
J’ai bien aimé cette lecture, et ça me fait trop rire que tu précises dans ton texte qu’il lui fournit une brosse à dents quand elle passe une première nuit chez Baudoin. Serais-tu, comme moi, une maniaque du lavage des dents ???
Bises
Ton commentaire me fait rire. C’est vrai qu’il aurait pu lui prêter un vêtement pour dormir, par exemple, mais cela ne m’a pas effleurée… alors que la brosse à dents, c’est indispensable.
Je peux imaginer ne pas me doucher pendant 2-3 jours, plus difficilement de ne pas me changer… mais sans me brosser les dents, c’est impensable.
navrée pour ce copier coller, pas le temps de tout lire passage rapide. Maman est chez nous jusqu’à lundi 8 (ce qui n’était pas prévu) et nous nous partons le 9 en Corrèze serais donc absente jusqu’en mi juin. Mais te souhaite de bon moment et un joli moi de juin. Bisesssssssss
pas long du tout puisque passionnant !!
on ne choisit pas sa famille … mais on choisit son conjoint et ils ont l »air bien parti tous les 2 !!!
bises
Attention Baudouin servir de béquille à une sirène n’est pas sans danger !
Bonjour
Une belle histoire d’amour
Baudoin et Sandy se sont trouvés
C’est beau!
Bonne soirée
Frieda
Je me suis fait la même réflexion que Martine !!!! J’adore ton histoire….
Bises
Une belle histoire que j’ai lue sans m’arrêter .
Bravo pour ton imagination .
Bonne soirée
Bisous
Toujours un plaisir de lire tes aventures, et moi je trouve pas long, c’est captivant du début à la fin, bravo !
Bisous