Depuis 15 jours, je me creuse la tête. J’ai un beau contrat qui vient de tomber sur ma table… et ce n’est pas trop tôt car les huissiers sont à ma porte, et ce n’est pas pour prendre l’apéro.
Bref, je dois dessiner le carton d’invitation du chantier naval d’à-côté. Le patron a construit une galère sur la base de celles qui voguaient par ici au XVIIe siècle et sur lesquelles furent envoyés les protestants, les opposants, les repris de justice… bref, tous ceux dont on ne voulait pas trop s’occuper, mais qu’on ne pouvait pas mettre à mort…
Plus mon voisin m’en a raconté, moins j’avais d’idées. D’abord, je voulais faire un bateau… puis je voulais rendre hommage à tous ces hommes qui y ont été envoyés, puis je voulais mettre en évidence le grand nombre de personnes nécessaires à la chiourme…
Quelle galère ce carton d’invitation… Plus j’essaie de les ordonner, plus mes pensées s’égaillent en tous sens.
Et voilà le téléphone qui sonne. C’est ma mère… Je déteste qu’elle me téléphone pendant que je travaille, ça me déconcentre !
Durant son monologue où elle me raconte sa dialyse et l’accident de Madame Pochon la couturière, je griffonne sur mon bloc… Une couturière a des ciseaux… Et ces ciseaux sont en action, quelques petits traits pour montrer le mouvement… Ma mère continue à soliloquer. Je me contente de petit humhum de temps à autre… Tiens, ces ciseaux, qu’est-ce qu’ils coupent ? Ma mère me parle de sa collecte de fonds pour le ruban rose, la lutte contre le cancer du sein… Ah, ben mes ciseaux, ils coupent un ruban… Ma mère m’invite à déjeuner dimanche… Un dernier « humhum, à dimanche, M’man » et je raccroche.

Et voilà, le carton… il est là… Griffonné en quelques minutes, je l’affine un peu et vais présenter le résultat au chantier naval. Du contremaître à l’apprenti, tout le monde approuve mon dessin « résolument moderne et graphique » d’après le patron.
Vivement l’inauguration!
Voili, voilà, la nouvelle de la semaine pour le défi proposé par Mil et Une. le mot à intégrer était galère. L’image a été dessinée par Keith Haring, en vrai de vrai.
Vraiment sympa ta petite nouvelle ! Bisous
merci pour l’interlude inaginative